Vélo-taf
Une découverte fracassante
En Mars 2017, je faisais une découverte fracassante du vélotaf.
Étant engagée dans la promotion des déplacements à vélo, je partage essentiellement les côtés positifs de ma pratique. Pour autant, lorsqu’on est continuellement à vélo, il y a forcément plus de probabilité de rencontrer des difficultés par rapport à une personne qui n’utilise jamais ce mode de déplacement.
Il se trouve que, pour moi, cet incident s’est au contraire déroulé au moment où ma pratique du vélotaf était la moins régulière…
Aujourd’hui, je vous parle de ma chute à vélo, de ses causes et de ses conséquences sur ma pratique actuelle du vélo.
Petite remise dans le contexte…
J’ai commencé le vélotaf courant 2016, suite à ma rencontre avec mon compagnon.
Mes premiers trajets ont été réalisés avec un vieux coucou, pas très confortable mais fonctionnel.
Pour Noël 2016, mon chéri m’a offert un VTT de la marque Felt afin que je renforce ma pratique qui était très inconstante. (J’en ai déjà parlé un peu dans cet article).
A ce moment-là, je ne me sentais pas au mieux de ma forme…
Je me mettais beaucoup de pression pour mon travail d’opticienne et je me sentais étouffée par la galerie marchande et le flux incessant de clients.
Une sorte de mal être généralisé planait sur moi: manque de sommeil, mauvaise alimentation, manque d’énergie, tristesse et émotions incontrôlables, doutes sur l’avenir… et surtout, je ne savais pas du tout ce que je voulais faire de ma vie.
Pour les vacances d’hiver 2017, j’échappais un moment à cet état dépressif grâce à mon conjoint. Nous sommes allés dans le Jura et j’ai passé plusieurs jours à me vider la tête en skiant, en me promenant dans la neige et en faisant toutes sortes d’activités divertissantes. Les paysages incroyables et la sérénité du lieu ont beaucoup contribué à mon état d’esprit positif et apaisé à ce moment-là.
Malheureusement, les vacances ont pris fin et le retour sur Avignon a été terrible pour moi. Le retour à la réalité a été très difficile après le bien-être que j’avais trouvé dans le Jura.
J’ai donc repris le travail ce lundi, dans cet état d’esprit très négatif. Je n’avais même pas commencé la journée que j’avais une boule au ventre et les larmes aux yeux…
La journée s’est pourtant relativement bien passée, les seuls éléments nocifs étant ma morosité et mon mal-être général.
A 20h, j’ai fermé le magasin seule, je me suis changée et j’ai pris mon Felt pour rentrer à la maison.
Je tiens à rappeler qu’aller travailler à vélo à ce moment-là n’était pas habituel pour moi, surtout en hiver. Mais, pour la reprise, j’avais choisi ce mode de transport pour garder ma forme physique induite par le ski, le patinage et les randonnées dans la neige. Je m’étais également dit que ça me permettrait de me vider la tête et d’être moins négative en rentrant à la maison.
C’est donc de nuit, sans casque, avec des lumières fonctionnelles mais pas forcément adaptées, sans lunettes (je suis légèrement myope et cela s’intensifie la nuit, voir Culture V), que j’attaquais mon trajet de retour.
A ce moment-là, je n’avais utilisé que 3 ou 4 fois mon nouveau vélo et je ne maîtrisais pas vraiment la largeur du guidon, ni les freins hydrauliques.
Ce qui devait arriver arriva…
Alors que je n’étais pas du tout attentive à mon trajet, une forme blanche traverse le trottoir partagé piéton-cycliste devant moi.
Avec du recul, il s’agissait très certainement d’un sac plastique mais tout est allé si vite à ce moment-là que je ne peux pas en être sûre à 100%.
Habituée à mes vieux freins à patins, je n’ai pas le réflexe de freiner et je donne un coup de guidon pour dévier de ma trajectoire et éviter l’obstacle.
Mauvaise idée…
Le guidon cogne contre un lampadaire. Le vélo reste sur place et je fais un soleil monumental. Je m’écrase contre le bitume et je reste sonnée quelques secondes.
Après avoir repris mes esprits, je me relève. Je regarde autour de moi: il n’y a personne.
J’ouvre mon sac à dos et j’en sors un paquet de mouchoir. J’essuie ce qui me coule sur le visage: c’est du sang.
J’ai mal un peu partout mais je peux marcher et, à part le sang qui continue de couler et qui est dérangeant, tout à l’air d’aller bien.
Je ferme mon sac, je redresse mon vélo, je remonte dessus et je rentre chez moi.
Arrivée à la maison, je suis seule. A ce moment-là, mon compagnon travaille toujours de nuit. Je prends mon téléphone et lui envoie un sms:
« j’ai fait une chute à vélo. Je saigne un peu mais tout va bien.”
Je me regarde dans la glace… c’est pire que ce que je pensais. En fait, je saigne beaucoup!
Le contre-coup arrive. Je me mets à trembler et à pleurer de façon incontrôlable.
Mael m’appelle de suite après avoir reçu mon message. Je lui raconte tout. Il me dit d’appeler le 15, ce que je fais.
N’aimant pas déranger, je minimise mon état… j’ai fait une “petite chute”, je saigne “un petit peu” mais tout à l’air de “bien aller”.
Le SAMU m’envoie à la maison médicale. Mon petit frère m’y emmène.
Je me rends compte sur le trajet que j’ai mal à ma main droite.
Le médecin de garde vérifie mon état général et me prescrit une radio de la main.
Ce qui est ironique, c’est que je pense plus aux conséquences pour mon boulot qu’au reste à ce moment-là. J’ai plein de dossiers du jour à finir et des clients que je dois rappeler… Je me demande si je vais être arrêter. Je m’inquiète de la réaction de mon patron et de mes collègues alors que je rentre juste de vacances…
Mais pas le choix, je dois faire la radio le lendemain. J’appelle mon patron, je lui explique et, bien sûr, il est plus inquiet pour moi que pour mes dossiers en cours.
Les jours qui suivent sont ponctués d’allées et venues entre les médecins et les centres d’imageries médicales.
Mon petit doigt de la main droite est cassé. Je suis toute courbaturée, mon visage est enflé par endroit… rien de tragique mais le fait que j’ai eu un accident est clairement visible.
Un chirurgien spécialisé dans les opérations de la main me suit.
J’ai beaucoup de chance, ma fracture ne s’est pas déplacée! Par contre, impossible pour moi d’utiliser ma main droite jusqu’à “réparation”! Si la fracture se déplace, c’est l’opération. Et s’il y a opération, il y a peu de chance que je récupère totalement la souplesse de mon doigt.
Il se trouve que je fais de la clarinette et que je suis suivi par un chirurgien qui s’y est mis depuis peu… Il met l’accent sur l’incidence que peut avoir une opération sur ma pratique instrumentale. Je suis sage, j’obéis. J’ai une atèle et l’interdiction formelle d’utiliser ma main pendant plus d’un mois. En tout, entre l’immobilisation totale de ma main et la rééducation, je n’ai pas pu utiliser ma main droite pendant environ 3 mois.
Quelque chose d’autre a été découvert 1 mois et demi après ma chute. Suite à un rendez-vous de contrôle pour ma main, je me suis plainte d’une légère douleur lorsque je me touchais le nez.
Une nouvelle radio est prescrite… mon nez était également fracturé. Comme la fracture ne s’était pas non plus déplacée, personne ne s’en était rendu compte. Je me suis faite gronder par mon médecin… si, au lieu d’aller à la maison médicale, j’étais allée aux urgences, j’aurai eu un check up complet et j’aurai été prise en charge directement. Heureusement, comme il s’agissait d’une fracture non déplacée, l’os avait déjà commencé à se ressouder et il n’y a pas eu de conséquence.
Pendant plusieurs semaines après l’incident, j’ai été suivi pour ma rééducation du doigt et, peu à peu, j’ai pu reprendre mes activités normales (travail, musique, écriture…). Mon visage a gardé des séquelles pendant quelques jours, puis les cicatrices se sont peu à peu estompées.
Aujourd’hui, je n’ai plus aucune séquelle physique liée à cet incident.
J’ai totalement retrouvé la souplesse et la mobilité de mon petit doigt. J’ai repris la clarinette sans problème (autre que mon penchant à la procrastination). Mes cicatrices se sont rapidement estompées et ont presque totalement disparues à présent.
J’ai eu une chance infinie de n’avoir aucun problème plus grave que ces deux fractures (doigt et nez) et d’avoir pu retrouver la totale liberté d’utilisation de ma main sans chirurgie.
Cet accident aurait pu avoir des conséquences bien plus graves…
Tout cela ayant découlé d’un manque d’attention de ma part, ma pratique du vélo, et plus particulièrement du vélotaf, a forcément changé.
D’un point de vue pratique, j’ai investi dans des lampes pour avoir une meilleure visibilité. Quelque soit le vélo que je prends (parce que j’en ai quelques uns maintenant, je vous raconterai ça…), je fais toujours attention à pouvoir voir et être vue de façon sécurisée.
J’ai fait monter des verres à ma vue sur mes lunettes de sport pour avoir une meilleure acuité visuelle en conduite de nuit, ou de façon générale, lorsque la luminosité est moins importante (brouillard, pluie…). Les montures étant mieux adaptées à ma pratique du vélo, je peux les utiliser plus confortablement et je n’hésite plus à les porter de jour comme de nuit.
J’ai investi dans des gants adaptés au vélo afin d’avoir une meilleure prise sur mon guidon. Je pense que c’est une conséquence psychologique suite à ma fracture, mais j’ai beaucoup de difficultés à rouler sans gants aujourd’hui.
Depuis Mars 2019, je réalise la quasi totalité de mes déplacements à vélo. N’ayant plus de voiture personnelle par choix, ma pratique du vélotaf s’est renforcée.
Ma chute aurait pu me dégoûter à vie du vélo… à l’inverse, elle m’a encouragé à intensifier ma pratique et elle a surtout amélioré ma façon de rouler.
En étant plus attentive et plus prudente, je profite d’autant mieux des bienfaits que m’apportent le vélotaf:
- la pratique d’une activité sportive,
- la liberté et la sensation de vitesse induites par le vélo,
- l’obligation de vivre l’instant présent et d’envoyer valser mentalement tout ce qui pourrait m’embrouiller l’esprit et me déconcentrer.
Lorsque j’ai besoin de louer une voiture pour partir en vacances, aller voir mes parents, des amis, ou simplement pour des questions pratiques, j’utilise l’application GetAround.
C’est pratique, rapide, et très souple.
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L’utilisation du vélo au quotidien est quelque chose de très positif!
Plus économique, plus pratique en ville, bon pour la santé et la condition physique générale, il a de plus en plus d’adeptes et une communauté de cyclistes et de vélotafeurs se constitue depuis plusieurs années.
Avec le développement de la pratique, nous avons vu naître une vague de révolte et de négativité sur les réseaux sociaux, essentiellement sur Twitter.
En effet, plus d’usagers de la route avec différents modes de déplacements ont obligé les municipalités à ré-adapter leurs aménagements. Mais beaucoup sont à la traîne.
Tous ces témoignages négatifs ont donné une mauvaise image des déplacements à vélo: dangereux, dérangeants, mal adaptés… sans le vouloir, en cherchant à dénoncer les mauvais comportements et les aménagements inadaptés, certains membres de la cyclosphère ont découragé certaines personnes de se mettre au vélo.
Aujourd’hui encore, il arrive que les gens que je croise me demandent si mes déplacements à vélo, surtout avec mon fils, ne sont pas trop dangereux.
C’est pour ça qu’avec la création de mon blog et ma présence sur les réseaux sociaux, j’ai souhaité donner une image positive et motivante du vélotaf et, plus généralement, de la pratique du vélo en général.
Malgré tout, une réalité ne doit pas être oubliée: le vélo reste un outil de déplacement.
En l’utilisant pour mes déplacements, j’en ai fait un moyen de transport, au même titre qu’une voiture ou une moto. En utilisant les aménagements urbains, je deviens une conductrice et, pour cela, il me faut respecter le code de la route et les conseils classiques de sécurité.
Cet accident, je l’ai eu à vélo et il n’a eu d’incidence que sur moi. Si j’avais été en voiture à ce moment-là, j’aurais peut-être mis en danger un autre utilisateur de la voirie.
Il était donc important pour moi d’écrire cet article pour mettre l’accent sur les dangers de l’inattention en conduite, quel que soit le moyen de déplacement.
Mon équipement de vélotafeuse
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